Voici pourquoi l’Occident hante les Africains

Article : Voici pourquoi l’Occident hante les Africains
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14 janvier 2017

Voici pourquoi l’Occident hante les Africains

Le constat est clair. Les jeunes Africains veulent absolument tous traverser la mer pour s’installer en Occident, à Mbeng comme on dit chez nous. Tous les jours donc, ils sont de milliers, alignés devant les consulats et les ambassades européennes en Afrique, pour quémander des visas ou bravent tout simplement le soleil et d’autres formes d’intempéries, en espérant rallier l’Eldorado européen. Les motifs souvent évoqués sont divers et variés : études, travail, mariage, affaires, santé, tourisme… Et pourtant, au fond d’eux, les vraies raisons de cette immigration « non choisie » des Africains vers l’Europe, se trouvent carrément ailleurs.

L’Occident semble offrir trop « d’avantages ». Évidemment donc, il est quasiment impossible de rester. Il faut partir à tout prix et à tous les prix.  Voici donc énumérées, ces raisons qui poussent absolument mes chers frères et sœurs, à quitter notre pitoyable Afrique.

 

1–  Ils voient en l’Occident, un « charme » magnifique et irrésistible
« Sincèrement hein, l’Europe c’est l’Europe », vous diront-ils ! Faut pas qu’on se voile les yeux. « Le coin là est top charmant », estiment-ils très souvent. Même sur les photos, ça se voit. Et juste pour ça, par milliers, ils se lancent corps et âme dans des aventures sans fin, juste pour découvrir, toucher du doigt la beauté et la splendeur du vieux continent. Je peux donc forcément comprendre pourquoi mes frères et sœurs «Mbenguistes» qui ont eu cette chance de « traverser » aiment afficher leurs photos sur Facebook à longueur de journée. Ils se photographient partout. Et oui, l’Occident les enivre.

 

Les endroits qu’ils n’avaient jamais vu ici et qu’ils rêvaient tant de voir, sont désormais à leur portée : les autoroutes, les gratte-ciel, les échangeurs, les hôtels dix étoiles, les grosses cylindrées, les musées, les monuments, les transports urbains et inter-urbains, les infrastructures sociales et médicales, les logements sociaux, et même les poubelles ; tout semble si «magnifique» là-bas.Et avec ça, un gars ou une go devrait rester faire quoi en Afrique? Ils sont donc si nombreux qui abandonnent tout chez eux, juste pour espérer voir la tour Eiffel, le musée du Louve, le Pentagone…

 

Evidemment, ils vous diront -et avec raison hein- que, dans nos chers pays pauperisés, nous n’avons que les nids d’éléphants sur les routes, les immeubles qui s’écroulent, les taxis et les motos surchargés, les routes en boue, les axes lourds cimetières, les hôpitaux mouroirs, les mini échangeurs éternellement simplifiés, les stades non couverts, les inondations intarissables, les ordures le long des rues, les prisons surpeuplées, les marchés qui brûlent, les robinets secs à vie, les ampoules toujours éteintes…

Au moins à Paris, Bruxelles, Montréal, ou Berlin, celui qui n’a jamais vu un gratte-ciel avec les yeux , ou une autoroute à quatre sens, digne de ce nom, pourrait enfin réaliser son rêve! Que du chic!

 

2- Ils voient en l’Occident, un siège de bonne vie et donc de bonheur
Certains peuvent croire que c’est banal hein. Beaucoup d’Africains quittent massivement leurs pays, juste à là quête de la bonne vie : alcool, nourriture, loisirs… Pour certains apparemment, l’Europe a un très grand avantage au niveau de la nourriture. Ils vous diront sans honte, que là-bas au moins, ils sont très sûrs d’avoir leurs trois repas par jour, de gros morceaux de porc, de poulet ou de bœuf à déguster sans modération. On vous dira alors que , la nourriture serait le dernier des soucis en Occident. D’ailleurs, les grands super-marchés jetterait ça tous les jours dans les poubelles. Il suffit juste d’aller ramasser.

 

Les candidats à l’immigration ont donc encore dans leurs têtes, ces images de l’Europe où il existe des « services alimentaires » gratuits où on peut aller prendre quand on veut,  un peu de riz parfumé, quelques sardines, du lait, du beurre, des spaghettis… bref ces denrées alimentaires de première nécessité. Même s’il leur reste un jour avant la date de péremption, pas grave. Le noir ne meurt pas de « saleté », scandent-ils. Et de nombreux candidats à l’immigration, savent par exemple qu’il y a aussi les « restaurants de cœur » qui offrent la « bouffe » moins chère ! Comparé à ce que certaines personnes mangent dans nos familles ici, le départ est plus qu’une nécessité absolue. Évidemment, je les comprends. Parfois, à voir ce que certaines personnes mangent en Afrique, je me demande sérieusement si c’est toujours des humains. Sans compter que, chez nous, il y a encore des gens qui dorment même sans manger. Un vrai calvaire. Ne parlons pas alors de goûter du poulet, du porc, ou du bœuf, c’est encore un luxe dans beaucoup de familles. Et pourtant pour mes frères, en Occident, on mangerait trop bien même ! C’est la bouffe qui manque le moins.

 

3- Ils voient en l’Occident, du boulot et de l’argent facile
J’ai souvent ri quand les gens comparent notre chômage à celui de Mbeng hein. Les candidats au départ en Europe sont convaincus que l’argent se ramasse au sol là-bas. Pour eux, chez nous, on peut chercher un petit job toute sa vie, on n’en trouvera jamais . Pourtant -selon eux hein- à Berne ou Berlin, quand on cherche bien là, on trouve quelque chose de très bon comme métier. Ce ne sont donc que les paresseux qui chôment là-bas. Ceux qui quittent massivement l’Afrique, sont certains qu’ils trouveront en Occident, de beaux petits boulots et un « pointage » qui ne dit pas son nom. Balayeur de rues, baby-sitter, coiffeuse, domestique, prostituée de luxe, homosexuel VIP, plongeur de restaurants, promeneur de chiens, videur de boite de nuit, laveur de cadavres, tondeur de gazon, « gardeur » de pépés et de mémés, « gigolo » ou « couguars » et même « bayam-sellam » hein, voilà autant de « métiers » qui les attirent curieusement.

Des Africains vendant des vivres en Europe.

 

Des petits boulots comme ça, bien payés hein, qu’on peut exercer sans honte, loin des gros yeux des «jaloux» et moqueurs de leurs pays respectifs. Naturellement donc,  ils sont prêts à aller pointer. Pour eux, l’Occident n’est pas comme chez nous, où dès qu’on ouvre sa petite caisse de cigarettes, les gens se moquent copieusement de vous. Pourtant à Londres, même si on ne trouve pas un petit job, on peut créer sa part. Le pointage est de taille apparemment. On vous prendra l’exemple des « courageux » gars et go de Château-Rouge à Paris, qui se battent dur en vendant dans la rue, les arachides, les « bobolos », les prunes, les kolas sans le moindre souci. Un commerce qu’ils ne pouvaient pourtant pas faire sans problèmes chez eux même. Paris seul leur donne ce genre d’opportunités.

Pourtant en Afrique, si on n’a pas le cœur dur , on va seulement braquer. Et quand les futurs Mbenguistes voient leurs frères et sœurs qui reviennent de temps en temps en vacances, « brûler » leurs euros économisés, cela les motive encore plus à vraiment partir. surtout, quand ils voient des gens qui les suivent derrière comme les mouches.
4- Ils voient l’Occident, comme un lieu de réussite absolue

 

Les candidats Africains à l’immigration occidentale, savent que « Occident égal réussite ». Même si c’est une idée fausse, ça fait quoi? Et c’est bien cette « réussite » qui suscite évidemment la vantardise, le «m’as-tu vu ?» chez bon nombre de « Mbenguistes » quand ils reviennent dans leurs pays ! En fait, pour un(e) africain(e), arriver à Berlin est un signe réel de « réussite » qu’il faut absolument célébrer. Les gens savent qu’au pays, on n’est rien. Même si on fait quoi, qui vous voit même ? Mais, dès qu’on a « traversé », on prend subitement de l’importance aux yeux des autres qui commencent à vous donner le « café ».

Les Africains savent que c’est quand on vit à Milan qu’on devient subitement quelque chose ! Ainsi, dès qu’un gars ou une go, arrive de « l’autre côté », il/elle devient si différent(e) des autres, apparemment il/elle ne pisse plus comme tout le monde. Qui le/la peut même encore ? Et justement, il y a un type de Mbenguistes là, même s’il/elle n’a jamais eu le CEP, et qu’il/elle était le dernier du quartier chez lui, dès que le gars ou la go « traverse» seulement, ah yaaaah, il/elle devient super « riche », «intelligent» et « important » devant tout le monde. Ça fait donc que les jeunes veulent tous partir pour tous devenir si vantards et bons « crâneurs ». Il fallait par exemple voir en décembre récemment, quand les fameux Mbenguistes étaient là. Les « Bledards » croyaient seulement qu’ils roulent sur l’or. Eux aussi veulent donc bien aller voir sur place et leur ressembler. Au retour, on les surnommerait partout : « Presiiiiiiiiii » , « Grand boss » , «Le Proooooo» , « Big récée », « la go des ways », « la Blanche », le « Faroteur »… Et tout cet « attalaku » là, juste pour négocier parfois une simple petite «Guinness», un « Kolo », ou juste un morceau de porc braisé ! Et ces Mbenguistes même alors, quand ils entendent les « villageois » leur faire ce genre d’attalaku, ils «whitisent» et se vantent encore alors gravement. Du coup, ils font ainsi tomber les « petites waka » naïves ou les « gros gigolos » matures du pays.
Oui, ce qui est bien quand on va en Occident, c’est qu’une fois qu’on sort de là-bas, on prend des ailes, on est super «boss» et on peut donc tellement se vanter et s’offrir tous les services qu’on veut !

Et pourtant, on n’est jamais mieux que chez soi. C’est indiscutable !

 

Voilà pourquoi ils veulent tous partir, mes chers frères Africains. Voilà pourquoi l’Occident les hante tant. Et pourtant, on s’est parfois durement endetté pour avoir un visa. Des dettes qu’on n’aura jamais fini de rembourser. On a souvent tout sacrifié. On a parfois tout abandonné.

C’est assez curieux, mais voilà là les raisons banales et insolites qui poussent pourtant de nombreux Africains à vouloir absolument quitter tous les jours le continent, pour se rendre en Occident et y rester sans plus vouloir revenir, au prix parfois de leurs vies et de multiples sacrifices, ceci dans l’espoir de goûter au « paradis terrestre », mais surtout dans le but de fuir et d’abandonner la misère ambiante de leurs pays, plongés en majorité dans une pauvreté galopante et indescriptible.

Seulement, la déception est souvent trop vite arrivée et le retour forcé s’impose tout de même quelquefois! On fini dans ce cas, par braver la honte et se réinstaller dans son pays d’origine. C’est vrai, on peut partir. Là n’est pas le souci. Mais, il est utile de savoir clairement où on va et surtout dans quel but. Car, malgré la précarité et la misère intolérable, évidemment, nul n’est jamais mieux que chez soi. On ne saurait donc se couper définitivement de ses racines. Elles font partie de nous. Elles sont en nous.

 

Fabrice NOUANGA

Contact WhatsApp: +237-694-658-721


 

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Commentaires

Benjamin Yobouet
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"...C’est vrai, on peut partir. Là n’est pas le souci. Mais, il est utile de savoir clairement où on va et surtout dans quel but. Car, malgré la précarité et la misère intolérable, évidemment, nul n’est jamais mieux que chez soi. On ne saurait donc se couper définitivement de ses racines. Elles font partie de nous. Elles sont en nous..."

Voilà ce que retiens de ton billet. J'ai beaucoup rigolé....Là est la vérité. Joli texte. Merci bien à toi.

Fabrice NOUANGA
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Merci Ben pour avoir pris ce petit temps pour me lire. Merci surtout pour ces mots gentils. Et je me souviendrai toujours de ton billet sur le retour des Mbenguistes. Je m'en suis inspiré un peu. Portes-toi bien. Bon weekend!