J’accuse ces Camerounais(es) qui condamnent mais pratiquent l’esclavage

Article : J’accuse ces Camerounais(es) qui condamnent mais pratiquent l’esclavage
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21 novembre 2017

J’accuse ces Camerounais(es) qui condamnent mais pratiquent l’esclavage

Un jour, alors que j’étais en visite chez une amie, et que je prenais place à la table pour le repas, elle a demandé à sa fille qui mangeait gloutonnement à côté: «As-tu travaillé aujourd’hui?». Elle n’avait que sept ans. L’enfant lui a évidemment répondu que non. Elle s’est brutalement levée de la table, a alors enlevé son assiette en lui disant: «Qui ne travaille pas, ne mange pas. Allez, dans ta chambre». La fillette fondit en larmes. Je fus scandalisé.

Cette injonction m’a semblé si cruelle, si injuste, que je n’arrivais pas à croire qu’une femme puisse faire une telle chose, qu’elle puisse refuser à une gamine qui a faim de la nourriture sous prétexte qu’elle a passé sa journée à jouer. Ne pouvant rester indiffèrent, je me suis engueulé avec elle, en lui demandant qu’est-ce qui lui était passé par la tête pour faire à sa fille une blague aussi idiote. Elle a tout simplement répondu: «Il faudra bien un jour qu’elle apprenne qu’on a rien pour rien dans la vie.»

Homme sous les chaînes

 

Tous bourreaux ?

Alors, je compris que les Camerounais qui s’indignent aujourd’hui contre l’esclavage en Lybie, sont également de vrais bourreaux, qui au quotidien traitent leurs semblables comme des animaux. Ils font preuve d’une hypocrisie criarde. Les esclaves, j’en vois tous les jours autour de moi et curieusement, personne n’est pour autant indigné.

 

 

1– J’accuse donc l’esclavage des enfants par les parents

 

Comment expliquer toutes ces violences physiques infligées aux enfants. La force contre les enfants, de telle manière que ces enfants soient blessés, frappés (à la main ou avec un objet), battus par des coups de pied, de poing, mordus, brûlés, empoisonnés, suffoqués, étranglés, secoués, jetés, noyés et induits délibérément à une maladie…

 

Oui, ils sont nombreux ces Camerounais dans ce Mboa qui font subir des Violences psychologiques à leurs progéniture par des actes répétitifs comprenant les menaces verbales, l’isolement social, l’intimidation ou le fait d’imposer couramment à l’enfant des exigences, de le terroriser, de l’exposer au danger, à la violence. Ils s’indignent contre la Lybie mais sont les premiers à utiliser le corps d’un enfant à des fins sexuelles, de forcer ou inciter un enfant à prendre part à des activités sexuelles, y compris la prostitution. Ils sont parfois incapables de subvenir aux besoins physiques et/ou psychologiques de l’enfant, de leur procurer de la nourriture, des vêtements adéquats et un abri, d’assurer l’accès à des soins médicaux ou à un traitement.

Enfant surexploité

 

 

2- J’accuse l’esclavage des femmes par leurs conjoints

 

Nombre de femmes africaines subissent des violences conjugales. Gifles, insultes, coups et humiliations sont leur lot quotidien. Une violence banalisée dont les médias se font peu l’écho. Ca ne s’appelle pas esclavage ? Chez nous, les hommes ont transformé les femmes en soumissionnaire dans les lits! De vrais objets de «plaisirs», uniquement faites pour satisfaire les envies, les pulsions, les désirs et les fantasmes du « mari », toujours en manque, en quête de sensations fortes et jamais rassasié curieusement. Accoucher, toujours accoucher, encore accoucher, tel est le boulot de l’esclave de femme, installée chez l’homme. Les femmes subissent généralement donc toutes les formes de violences possibles : sexuelles et physiques mais aussi verbales, psychologiques et économiques.

 

Ainsi, sous le soleil, sous la pluie, au feu de bois, au réchaud à pétrole, très rarement au gaz, la femme en couple se démène comme elle peut pour apprêter les repas. Et elle a surtout intérêt à servir ces repas à temps hein. Qu’elle tente alors d’être en retard : les réprimandes et les demandes d’explication vont pleuvoir ! On n’hésitera même pas à lui faire des menaces de la chasser du «mariage» là là là si elle s’amuse. Yeuch! Cuisiner, toujours cuisiner, et encore cuisiner, tous les jours, à toutes les heures, sans repos. Tel est donc leur quotidien, ces femmes. Ce qui m’énerve surtout, ce sont les bourreaux qui, pour parler des femmes au foyer, parlent de ménagères, ménagères par-ci, ménagères par-là…. Arrêtez-là ! Une femme qui ne va pas au bureau tous les jours ne passe pas son temps à faire le ménage et la cuisine. Non, mais !

 

 
3- J’accuse l’esclavage des employés par leurs patrons

 

Sous prétexte qu’ils ont de l’argent, certains patrons se permettent tout. Eh oui! Une ménagère par exemple doit faire les lits, changer les housses de matelas, de couettes, d’oreillers), nettoyer les toilettes, la cabine de douche et les lavabos, nettoyer la cuisine, l’évier avec brosse pour enlever le calcaire qui revient dès que c’est sec (pardon), faire la vaisselle du matin, vider le lave-vaisselle, étendre le linge ou le ramasser et le plier c’est selon, nettoyer les escaliers, dépoussiérer le bureau, vider les poubelles et les nettoyer. Un calvaire. Certains n’ont aucun respect pour la ménagère. Quand les toilettes sont sales, la chasse pas tirée, les urines sur la lunette, c’est à la pauvre esclave d’aller tout mettre au propre. L’employé devient un larbin.

 

On rerencontre au Mboa, des patrons qui ne quittent jamais le bureau avant 22 heures et il attend le même engagement des membres de son équipe hein. Il leur met beaucoup de pression à cet effet. Personne n’ose s’opposer à lui, même parmi les membres de la haute direction. Personne n’a le courage de l’affronter. Et c’est ainsi qu’il les humilie, veut tout décider par lui-même. Il passe par-dessus la tête pour s’adresser à ses employés, pour leur dire quoi faire. De vrais tyrans.

 

Oui, des patrons qui « pètent les plombs », qui intimident, qui blasphèment et qui humilient et ne payent pas leurs proches collaborateurs, cela arrive plus souvent qu’on pense dans les entreprises… On vit ici des dérapages, de l’irrespect, du despotisme parfois. Et ça, vous appelez ca quoi ? Évidemment de l’esclavage. Ensuite, ils ont le culot de vous dire de plier bagages, d’aller vivre ou travailler ailleurs si vous n’êtes pas contents, si les règles qu’on vous impose arbitrairement ne font pas votre affaire, si les activités auxquelles s’adonne votre employeur vous puent au nez.

Femme de ménage

 

 

4- J’accuse l’esclavage des hommes par les femmes
Les gens qui s’indignent contre l’esclavage en Lybie, oublient dans notre pays-ci, qu’il y a un genre de femmes là, style garçon manqué, baraquée, presque barbue, à la voix rauque, très robuste et costaude, tellement dure de visage massa, et jamais souriante hein, qui ne manque donc jamais l’occasion d’exprimer sa virulence en bastonnant copieusement les hommes. Elles ont le foléré à l’œil jusqu’à. À côté d’elles, et dans le même groupe, leurs sœurs jumelles, aux réactions épidermiques et qui utilisent le « matériel » comme renfort. Elles trouvent toujours tant de plaisir à porter la main sur les hommes, en utilisant justement de ces pratiques aussi absurdes qu’insolites comme l’eau chaude, les couteaux, les lames de rasoir, les machettes, les gourdins, les pilons, le bâton du couscous, les gros cailloux et même les bouteilles cassées hein.

 

Elles savent alors infliger aux hommes de véritables bastonnades, de vraies séances de correction, dans nos maisons et nos rues là. Mais personne ne dit rien hein. Car par orgueil et par honte, les pauvres hommes battus, préfèrent gérer leurs douleurs en catimini et souffrir en solo. Et ça là ce n’est pas de l’esclavage ?

Hommes traités en animal

 

5– J’accuse l’esclavage des gens par les « malboucheuses »

 

Ici alors, c’est le terminator. Certaines personnes sont sans cesse confrontées à cette autre forme d’esclavage trop grave : les insultes, les injures et les plaintes incessantes. Voilà alors le sport favori des Camerounaises. Elles adorent ça. Là, elles ont la palme d’or ! Ce sont là, leurs plus graves pratiques esclavagiste, teintées de barbarie et de mépris. Quand celle-là tord sa bouche pour insulter un homme ou une autre femme, tu peux lui décerner là là là, le doctorat en « insultologie », avec mention, très honorable. Ce genre de femmes, tient donc toujours à l’encontre des autres, des propos très déplacés, méchants, méprisants et insoutenables. Elles leurs disent des choses impolies, troublantes, humiliantes, vexantes, irrévérencieuses et parfois très menaçantes. Elles ne vont donc pas manquer d’élever le ton, de dévaloriser, de dénigrer, ou de réprimander publiquement et très farouchement leurs semblables, parfois devant les voisins, les amis, la famille et les collègues.

 

Les bouches de ce genre de femmes sont des carquois, dotés de langues vipérines. Elles s’en servent alors comme moyen de défense ; une véritable arme de destruction massive. Ce qui sans doute blesse, frustre et contraint à la résignation.

Homme battu. Autant donc d’esclavage pratiqué au quotidien au Mboa

 

 

 

Tous coupables…

 

Oui, je suis d’accord qu’il faut s’indigner contre ce qui se passe en Lybie. Le mal est scandaleux et doit farouchement être dénoncé, mais je pense que ce serait faire preuve d’hypocrisie de condamner les Lybiens alors que chaque jour nous faisons subir d’une manière ou d’une autre l’esclavage à nos concitoyens. Tout comme les Lybiens, les Camerounais sont si nombreux là dehors à faire subir à leurs frères et sœurs, les affres de l’esclavage, peut-être plus doux et moderne.

 

 

Ainsi, beaucoup d’entre nous vampirisent et tuent leurs compatriotes à petit feu ! La morale des esclaves est le support idéologique de l’engrenage social qui nous opprime, quel que soit le régime politique sous lequel nous ployons. Cessons donc de condamner les autres alors que nous sommes nous mêmes des bourreaux.

 

 

Fabrice Larry NOUANGA

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Commentaires

Mireille flore chandeup
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Avec toujours beaucoup de synonymes, prof. J'aime.

Fabrice NOUANGA
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Merciiiii Taaa Miiii d'avoir pris d'un peu de ton précieux temps pour te pencher sur ce billet. Si tu l'as aimé, je suis flatté et encouragéa faire un peu plus mieux pour ton seul plaisir. Ravi

Naomi NGO
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Damnation !!!
Comparer la maltraitance à de l'esclavage, il y a un fossé que tu n'as pas hésité à franchir !!!!
Oui tu la décris si bien cette maltraitance.
Mais peu cher, ces enfants, ces femmes, ces hommes et ces employés dont tu cites en exemple restent tout de même libres.... oui libres de leurs mouvements, des hommes libres tout simplement. Ils ne sont aucunement vendus aux enchères si je ne m'abuse ? Ils ne sont pas non plus enchaînés ni enterrés moins que du bétail...
J'accuse ce raccourci que tu prends pour dénoncer l'état de non droit que nous vivons au Cameroun ; tout en reconnaissant la véracité de tes écrits.

Fabrice NOUANGA
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Je suis intimement flatté de ce que tu dis chère Naomie. Ton analyse est assez pertinente. Merci pour tes remarques.
Mais vois-tu, je ne fais pas exclusivement une comparaison dabs cette chronique. Non. Il est clair que ce qui se passe en Lybie, est scandaleux et barbare. Aucun être humain ne saurait être pris comme du bétail. Mais l'esclavage dont je parle ici et que les gens semblent mépriser, c'est l'esclavage moderne, celui qui agresse également les libertés individuelles et collectives et humilie l'être humain. Partout où sont réduits les hommes en animal, il faut dénoncer, oui il faut condamner. C'est mon projet dans cet article. Je voudrais que nos sachions que le mal que nous condamnons à Tripoli, nous le pratiquons à Yaoundé, Douala tous les jours, mais sous une autre forme plus douce.
Merci encore pour tes idées super intéressantes. Le seul combat à mener, c'est la libération de l'Homme

Sissiwe
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Je suis entierement d accord
L esclavage est plus sournois et a la fois pernicieux puisqu on n ose pas le nommer avant qu un homme comme toi ne le fasse