Cameroun : pourquoi des vidéos déviantes font-elles tant de buzz sur la toile ?

Article : Cameroun : pourquoi des vidéos déviantes font-elles tant de buzz sur la toile ?
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19 juin 2019

Cameroun : pourquoi des vidéos déviantes font-elles tant de buzz sur la toile ?

L’heure est grave ! La vie privée des Camerounais s’étale désormais sur la toile comme une trainée de poudre et y fait le buzz. Le constat est alarmant. Il ne se passe plus un seul jour sans que des vidéos impudiques et indécentes sur la vie privée et intime des gens ne soient placardées sur Facebook ou YouTube; des gens filmés à leur insu par des individus en caméra cachée, sans foi ni loi, à la recherche du buzz et surtout motivés à les humilier. « Ruby comédienne », une artiste humoriste camerounaise, très populaire, en paye les frais en ce moment. La jeune femme a été filmée la poitrine toute nue, dans un aéroport de Paris entrain de bagarrer avec une de ses compatriotes. La vidéo connait un « succès » éclatant sur internet comme la plupart d’autres vidéos indécentes et impudiques qui pullulent sur la toile au Cameroun.

Bien plus, des directs Facebook sont organisés tous les jours pour saquer les autres et leur dire toutes les méchancetés les plus abjectes. La vie privée n’a plus de secret pour personne. Elle fait le buzz et la Une. Curiosité : ces vidéos sont les plus regardées, commentées et partagées par les Camerounais. Ils se passionnent d’indécence et de voyeurisme.

Questions donc: pourquoi les vidéos indécentes sont-elles autant virales au Cameroun ? Qu’est-ce qui explique cette frénésie ?

Ce que je vous explique dans cet article, ce sont les raisons pour lesquelles tant de Camerounais sur les réseaux sociaux, sont devenus des voyeurs voyous. La mauvaise mentalité des « filmeurs » et des « regardeurs » de ces vidéos, a construit la notoriété d’une telle gabegie. Voici comment.

Ruby commedienne explique ce qui s’est passé. credit photo: duKamerOfficiel

 

1- Les Camerounais sont passionnés de « kongossa » et de ragots

 

C’est aujourd’hui de notoriété publique : les Camerounais adooorent le kongossa. Ces petits potins croustillants sur les autres. Quand les gens voient donc une vidéo impudique, qui expose la vie privée, la douleur, l’humiliation,  de leur compatriote, ils sont tellement attirés par celle-ci, car nourris par le désir de connaître les échecs, les erreurs, les chutes et les démons des autres. Ils aiment tellement colporter les ragots et voir des personnes blessées. C’est leur vice.

 

Par jalousie, au regard d’une vidéo qui vous expose, les gens vont tellement mal parler de vous, juste pour vous nuire hein. Parce qu’au Mboa, le succès d’une personne nous dérange, sa beauté nous dérange, son ambition nous dérange, son intelligence, sa répartie…nous dérangent. Bref, toutes ces qualités qu’elle a, que l’on envie, et que l’on n’a pas nous énervent. La voir donc en difficulté dans une vidéo nous passionne. On trouve de l’extase. Et le kongossa qui s’en dégage nous unit contre un seul et même ennemi, avec des critiques communes. Certains utilisent ce kongossa né de ces vidéos malsaines comme moyen de se venger. Et même les gens les plus proches de vous hein.

 

 

2- Les Camerounais affectionnent le langage grossier et ordurier

 

Au Mboa, la vie est tellement trop violente et sauvage que le langage est devenu exagérément ordurier et grossier, de sorte que les Camerounais se sont transformés en maroufles habillés en goujats. Donc, quand ils regardent une vidéo malsaine sur la vie privée des gens, ils se retrouvent et ça leur plait. Les gens se donnent tellement de plaisir à être grossiers et hideux en usant de la liberté de s’en prendre à des vies privées.

 

Oui, ce qui passionne dans ces vidéos indigestes, c’est qu’on n’y entend qu’insultes, insolence, sarcasmes, vilénies, invectives, calomnies, outrages et impolitesse. Il n’y a finalement que ça au quotidien. Donc, quand dans une vidéo, on n’écoute que des mots tels que « pute », « bordelle », « pédés », « lesbienne », « enculer », « foirés », « djansang », « vendeuses de piment » « porc », « sardinards », « tontinard », « cabris », cela provoque ainsi des éclats de rire en raison de l’arrogance et de l’impertinence de tels propos. Les Camerounais adorent ça. Quand on parle comme eux. Oui, ils aiment écouter ce genre de langage de la rue. Le champ social camerounais a tellement des insulteurs à gage et des calomniateurs qui déversent de telles infamies indigestes sur les autres. Et curieusement, les meilleurs boutefeux, dénigreurs, hâbleurs, calomniateurs et sycophantes sont applaudis.

Lartiste Longuè Longuè filmé entrain de demander pardon. Credit photo: Camer 24

 

3- Les Camerounais sont trop voyeurs et exhibitionnistes

 

Autrefois, les familles se retrouvaient pour l’angélus et la prière qui ponctuaient toute leurs soirées. Aujourd’hui, elles se rassemblent pour les lives-vidéos de kongossa ou des vidéos de clash, de bagarre, d’accident, de tortures, de tueries, de règlement de compte… La « grand-messe » du kongossa, avec comme « grands prêtres » des gens en mal de notoriété, assoiffés de haine, rancuniers…pour la célébrer. Ces vidéos sont devenues l’opium de tout un peuple, car nous sommes de bons voyeurs voyous.

 

Les Camerounais aiment voir des confessions intimes, des danseurs indecents, des buveurs alcoolo, des bagarreurs impudiques, des accidentés, des cadavres, des kongosseurs, des gens qui pleurent, des morts, des malades qui agaonisent, les faits divers, les querelleurs, les disputeurs, les clasheurs… C’est l’escalade du « toujours voir plus » en effet. Toujours voir plus d’images, de vidéos et de confidences dévoilant la vie intime des personnes ! Toujours voir plus d’images de violences, de guerres, de bagarres, de show.

 

Pour attirer plus de monde, il faut donc parler de sa vie, de la vie des autres. Il faut insulter, il faut calomnier, il faut clasher. Il faut montrer ses immeubles, sa chambre à coucher, ses « petites », son argent, ses costumes, ses dragues, son lit, comment on embrasse les femmes, comment on les couche, comment on croque la vie. Et naturellement, ça attire les gros yeux des Camerounais voyeurs et exhibitionnistes. Nous au Mboa, nous avons un grand penchant pour ce genre de voyeurisme et en demandons toujours plus. On adore voir le spectacle.

 

 

4- Les Camerounais adorent voir les autres souffrir

 

D’une manière générale, les Camerounais ressentent un plaisir intense à voir les personnes clasher devant eux. Face à la douleur de ces individus qui se bagarrent, ils ressentent énormément de bien. Ils aiment voir les gens déshumanisés. Donc, quand quelqun fait des vidéos ou se retrouve filmé entrain  de souffrir ou de faire souffrir, nous autres Camerounais nous y trouvons du bon plaisir. On s’en délecte.

 

On aime vivre la douleur physique (actes violents, morsures…) et/ou psychologique (humiliations, insultes, dévalorisation…) des autres. Le Camerounais prend un plaisir extrême à voir torturer moralement une personne. Voilà pourquoi nous aimons les manipulateurs, les égocentriques, les lunatiques et profondément les narcissiques. Nous prenons plaisir à regarder certains déstabiliser et affaiblir les autres, dans le but de les voir les fragiliser et les épuiser psychologiquement à travers des humiliations, de la soumission, de l’instrumentalisation, des reproches abusifs, des remarques inappropriées sur le physique et/ou les traits de caractère, de l’agressivité, des colères intempestives et injustifiées, un comportement despotique afin d’isoler progressivement et au maximum ses victimes. Eh oui !

 

 

5- Les Camerounais sont extrêmement chômeurs et oisifs

 

Dans un pays où les gens n’ont rien à faire de concret, car sans boulot et où la majorité des personnes s’ennuient, alors ils s’occupent comme ils peuvent, à regarder les vidéos sur Facebook et You tube à longueur de journée, en alimentant calomnies, querelles et intrigues. Cette médiocrité peut parfois compromettre les dynamiques les plus nobles.

 

C’est dans cette inactivité que le Camerounais trouve donc du temps pour passer autant de temps dans les réseaux sociaux pour essayer de combler par tous les moyens un vide abyssal qui lui pèse. Quel travailleur normal perdrait tant d’heures à papoter sur internet inutilement ? Tant qu’il y aura donc toujours ce cancer du chômage et de l’oisiveté au Mboa, on aura toujours des gens qui vont passer des jours et des nuits entières à regarder les lives vidéos et les vidéos sur Facebook et autres… Et à donner de milliers de vues à ceux qui les postent. On se retrouve alors dans un type d’ignominie qui relève carrément du futile et s’éloigne fatalement de l’utile.

Des infimières entrain de filmer un malade agonisant. Credit photo Bilevuz, avec son autorisation

 

Un peuple en crise de valeurs et en perte de repères ne peut qu’agir ainsi…

Voilà pourquoi les vidéos impudiques, malsaines et indécentes vont continuer à attirer encore et toujours plus de monde. Ces vidéos nous révèlent là, la crise morale et mentale dont souffre malheureusement un peuple dévergondé en perte de valeurs et de morale. Il est tellement en déliquescence avancée. Pourtant, dans la vie, il faut savoir se consacrer à l’essentiel au détriment de l’accessoire. Comprenne qui pourra et réagira qui voudra…
Allez, « collectez-vous. Collectez-vous » pour la prochaine vidéo. A qui le tour ??? Tsuips !
Fabrice Larry NOUANGA

 

 

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