Ni Jonh Fru Ndi, le vétéran et historique opposant camerounais, est mort
L’opposant John Fru Ndi, à la tête du SDF depuis 1990, est décédé à près de 82 ans « des suites d’une longue maladie » tel qu’annoncé par le communiqué officiel du Vice Président du SDF, Joshua Oshi.
John Fru Ndi avait commencé en politique dans les années 1980 au sein du RDPC du Président camerounais, Paul Biya, avant de fonder le SDF en 1990 quand le Cameroun a officiellement légalisé le multipartisme.
De vendeur de légumes à leader de l’opposition
John Fru Ndi est né le 7 juillet 1941 à Baba II, près de Bamenda, alors Cameroun britannique à l’époque dans le Nord-Ouest Cameroun, région anglophone en proie à un conflit meurtrier depuis 2016.
John Fru Ndi a épousé dans sa vie deux femmes qui sont toutes malheureusement décédées. Le leader de l’opposition camerounaise a enterré la première en mai 1973 et la seconde en mai 2005.
Le titre de Ni, marquant le respect en langue locale, lui a été donné à sa naissance. Il a fait son cursus scolaire au Cameroun, à la mission Baforchu Basel et à la Santa Native Authority, avant de s’envoler pour le Nigeria pour y étudier au Lagos City College et y travailler en 1957.
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En 1966, Ni John Fru Ndi rentre au Cameroun et commence à vendre des légumes. Puis, il a tenu une librairie à Bamenda, sa ville natale, le « Ebibi Book Centre ». Il a également été dirigeant de club sportif de football de 1979 à 1988, pendant qu’il présidait en même temps la branche de l’association « Lions Clubs » à Bamenda.
36% des suffrages en 1992
Il est à noter que Ni John Fru Ndi a été candidat du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), le parti au pouvoir depuis 40 ans, dans la circonscription de Mezam Central, lors des élections parlementaires de 1988.
Après sa cuisante défaite à ces élections parlementaires, Ni John Fru Ndi fonde en 1990, soit deux ans plus tard, le SDF, le Social Démocratic Front, un parti émérite d’opposition. Il est d’ailleurs élu président national de ce parti lors de sa première convention nationale ordinaire, tenue à Bamenda en mai 1992. Ainsi, l’histoire du retour à la politique multipartite au Cameroun, ne saurait donc s’écrire sans son nom en lettres d’or.
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En 1992, lors de la toute première élection présidentielle pluraliste du Cameroun, Ni John Fru Ndi caracole en deuxième position avec 36 % des suffrages, derrière l’emblématique Paul Biya qui obtint 40 % et au pouvoir depuis 1982, soit, un peu plus de 40 ans.
Le président camerounais lui accorde d’ailleurs une audience publique, officielle et historique le 10 décembre 2010. Le président camerounais Paul Biya et son principal opposant, Ni John Fru Ndi, se sont parlé ce jour-là en tête-à-tête pour la première fois à Bamenda, au lendemain des festivités du cinquantenaire de l’armée camerounaise.
Une influence politique qui s’étiole
Avant cette date, Fru Ndi et Biya ne s’étaient jamais rencontrés. Et depuis cette rencontre atypique, aucune autre rencontre officielle n’a eu lieu entre les deux hommes, ni entre le Président Biya et un autre opposant.
Suite donc à son échec en 1992, le chairman, tel qu’on le désignait dans son parti, avait alors dénoncé des fraudes massives avant de se déclarer élu. Sa résidence du Ntarikon Palace à Bamenda avait été mise sous surveillance pendant plusieurs mois.
Dans cette mouvance, une invitation à la cérémonie d’investiture du président américain Bill Clinton lui est adressée et il y assiste avec sa défunte épouse Rose, le 20 janvier 1993.
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Rappelons que John Fru Ndi avait été à trois reprises candidat malheureux contre Paul Biya aux présidentielles de 1992, 2004 et 2011, arrivant à chaque fois en deuxième position. En 2018, il avait renoncé à se présenter à une autre élection présidentielle tenue en Octobre de la même année. Il avait surtout annoncé qu’il quitterait la direction du SDF lors du congrès de son parti qui devrait se tenir du 27 au 29 juillet, 2023, mais qui finalement, pourrait être reporté.
Pressions externes et divisions internes
En 2019, le président du Front Démocratique Social est enlevé brièvement par des séparatistes. Ces derniers le somment de boycotter les législatives de 2020, ce qu’il refuse catégoriquement. Son parti n’y obtient que cinq sièges sur 180. Une chute drastique, accentué par des divisions internes qui secouent fatalement le parti.
Sa maison avait été incendiée et il avait même été brièvement kidnappé la même année par un groupe armé qui avait affirmé avoir voulu le convaincre de retirer les députés SDF de l’Assemblée nationale.
Perte d’un opposant politique farouche et charismatique
In fine, la vie de Ni John Fru Ndi est une leçon pour les autres opposants sur le fait que son leadership a uniquement consisté à servir et non à être servi. Le Cameroun a donc perdu ce lundi 13 juin, un opposant politique farouche, charismatique et énigmatique.
L’homme qui incarnait la possibilité d’une alternance au Cameroun tout en dirigeant son parti d’une main de fer, s’en va donc dans l’éternité, laissant une famille politique étriquée.
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Toutes nos condoléances à sa famille nucléaire et politique et surtout à ses neuf enfants à qui le Président Paul Biya a d’ailleurs adressé une lettre de condoléances et sa compassion émue et celle de son épouse.
Que son âme repose en Paix !
Adieu Chairman !
Fabrice Nouanga
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